Sport

12/02/2015 17:54

Le « Free Fight » : Nouveaux jeux du cirque ou art martial ?

Par Alexandre A.
                                                        

    Pour ce premier article dans le domaine du sport, je vais vous relater l’origine d’un sport de combat à la réputation ambivalente : le MMA, plus connu sous le nom de « free fight » (ou « combat libre », pour ceux ignoreraient la langue de Shakespeare). Considéré comme un art martial, voire comme l’art martial par excellence, par ses pratiquants, honni par une partie du grand public car considéré comme une apologie de la violence, ce sport peine à s’affirmer en France comme une discipline sportive à proprement parler. A tel point que, malgré un nombre croissant de pratiquants, il n’est toujours pas reconnu par le ministère de la jeunesse et des sports (je reviendrai sur les enjeux de sa légalisation dans un prochain article). Il me parait donc utile de décrire en quelques mots la nature de ce sport et de retracer à grand trait son histoire, qui dévoile l’intimité de son lien avec le monde des arts martiaux, et plus particulièrement des arts martiaux japonais.

Le « Free Fight », c’est quoi ?

    Le free fight, ce n’est pas de la bagarre, ni la pratique d’un combat libre de toute règle. Ce n’est pas un Fight Club dirigé par un Tyler Durden schyzophrène qui ne se rend pas compte que le charismatique vendeur de savon qu’il a rencontré dans l’avion porte le même nom que lui. Le free fight, dont l’appellation officielle est MMA (acronyme pour « mixed martial arts »), est un sport de combat alliant le combat debout (coups de pieds, poings, coudes, genoux), le « corps-à-corps » (préhension, projections comme en judo, lutte, etc) et le combat au sol, incluant les coups et les techniques de soumission. En très gros, imaginez une synthèse entre la boxe thaï, la lutte ou le judo, le jiu jitsu brésilien (je reviendrai sur ce sport exotique pour ceux qui ne le connaissent pas), rajoutez des coups divers et variés quand les protagonistes sont au sol, et vous aurez une idée de ce à quoi peut ressembler un combat de MMA.

Du Japon au Brésil: la naissance du « Free Fight », un voyage des arts martiaux

    Je ne résiste pas à vous retracer la genèse de ce sport, d’abord parce que j’aime bien son histoire, digne scénario de film (de film pas très complexe, mais plus que 95% des films d’arts martiaux), et parce que son origine est un premier argument quant à son appartenance au monde des arts martiaux.

    Tout commence lorsque l’inventeur du judo, Jigoro Kano, envoie certains de ses disciples répandre leur art à travers le monde. L’un d’entre eux, Mitsuyo Maeda, est envoyé en Amérique, et sillonne le nouveau monde des Etats-Unis au Brésil en passant par Cuba et s’octroyant même un bref séjour en Espagne. Pour montrer la supériorité du judo et jiujitsu (à l’époque ces disciplines ne sont pas clairement différenciées), Maeda s’adonne au catch, à la lutte, à la lucha libre et autres disciplines occidentales. Par ses combats (plus de 2000 au total, et par l’usage de techniques interdites au judo, il s’attire les foudres de son maître Kano et entre en conflit avec son école, appelée le Kodokan. Maeda ouvre alors sa propre école de Judo-jiujitsu au Brésil, et crée son propre style de combat.

    Parmi ces élèves, le jeune Carlos Gracie se démarque, imbattable malgré son petit gabarit. Carlos et sa nombreuse fratrie, à laquelle il transmet son art à la suite de Maeda, s’illustrent rapidement dans le monde du jiujitsu, perfectionnant leur art du combat pour créer une nouvelle discipline, le jiujitsu brésilien : vêtu d’un kimono, le but est de soumettre, de faire abandonner son adversaire, sans lui porter de coup. Dans la droite lignée de Maeda, les Gracie, afin de montrer la suprématie de cette nouvelle discipline, se lancent dans l’organisation de combats libres, dits de « Vale tudo » (littéralement « tout vaut »), ou les règles sont quasiment inexistantes, et qui attirent les pratiquants de divers sports de combat. Dans les décennies suivantes, les combats vont se populariser, les combattants se professionnaliser, et dans le souci de protéger leur intégrité physique, des règles vont être instaurées, maintenant la liberté qui le caractérise tout en minimisant la violence des combats.

    C’est ainsi que nait le MMA, parfois appelé free fight : dans la lignée des arts martiaux japonais et du jiujitsu brésilien, il devient l’arène dans laquelle les combattants s’affrontent pour l’honneur des arts martiaux qu’ils pratiquent.

Par Alexandre A.