Spectacle

05/03/2015 17:42

Le bal des vampires : comment j'ai succombé à la tentation.

   Par Lisa G.

    Récemment je suis allée voir le spectacle qui a fait le buzz cette saison : Le Bal des Vampires.

    Superproduction, réalisation par Roman Polanski, critiques unanimes. Moi qui ai un faible pour les comédies musicales, ça promet !

    Pour ceux à qui le Bal de Vampires évoque le nom d'une soirée étudiante, un bref rappel : avant de monter le musical dans les années 90, Roman Polanski avait réalisé le film en 1967. L'histoire raconte les péripéties du professeur Abronsius et de son jeune assistant Alfred, partis sur la trace des vampires en Transylvanie. Les deux compères touchent au but lorsqu'ils découvrent un village qui semble être le garde-manger des vampires. Lorsque la belle Sarah, fille de l'aubergiste dont Alfred s'est épris, est enlevée par l'infâme Comte von Krolock, nos héros se lancent à sa poursuite au mépris du danger.

    20h30 au très beau théâtre Mogador, le rideau se lève et c'est parti pour un show de 2h30. Les tableaux s'enchainent avec plus d'une vingtaine de changements de décors. Ces derniers, et c'est là un des intérêts du spectacle, sont par ailleurs interactifs, et évoluent sous nos yeux au gré de la musique et de l'intrigue à l'aide d'une impressionnante machinerie. J'ai été particulièrement saisie par l'effet spécial de l'ouverture qui mêle projection vidéo sur une toile et jeu des acteurs derrière cette dernière : l'impression que ceux-ci font partie du film laisse progressivement place à celle que la projection fait partie du décor réel, matériel de la salle, et cette confusion amène une sensation d'immersion totale et immédiate, assez rare dans les tous premiers instants d'une représentation sur scène. Les costumes annoncent d'emblée le coté loufoque et décalé du spectacle. En effet, fan de Bonnie Tyler ce spectacle est fait pour vous ! Le refrain de cette comédie musicale est une reprise en Français de Total Eclipse of the Heart. Assez fidèle à l'original bien qu'adaptée au « vampirisme kitch » du spectacle. Malgré ce côté kitch, on en prend plein les yeux, et on se prend même à frissonner d'émotion entre deux éclats de rire.

    Côté performance, les acteurs se donnent à fond. Ils jouent 6 jours par semaine depuis le mois d'octobre ce qui relève de la prouesse physique. Les chorégraphies, particulièrement celles où l'intégralité de la troupe, soit une trentaine de comédiens, se retrouve sur scène, constituent des tableaux qui nous plongent dans l'univers fantastique de ces vampires tournés en dérision. A noter la performance du professeur Abronsius qui m'a époustouflée, par son débit et sa diction dans l'air « Avec ma logique et ma science ». Mais saluons également les interprétations des personnages caricaturaux, Shagal, l'aubergiste ashkénaze et Herbert von Krolock, le vampire gay, qui remplissent parfaitement leurs rôles comiques.

    Le Bal des Vampires est donc une tragicomédie pleine d'humour, parfois même franchement scabreuse, sur fond de passion destructrice et de damnation éternelle, ce qui lui confère une pointe de cynisme bien assumée. Toute sa finesse réside dans le fait que ce décalage s'incarne dans le contraste entre des personnages caricaturaux et parfois grotesques (exception faite peut-être du Comte von Krolock) et une mise en scène à l'atmosphère sinistre et gothique, indispensable à toute bonne histoire portant sur les vampires.

    Bref, je suis sortie enthousiasmée de ce spectacle où l'on rit beaucoup et où l'on frémit parfois.

    La chanson de Bonnie Tyler reste dans la tête pendant des jours, mais si vous avez l'occasion, n'hésitez pas à aller voir cette comédie musicale ! Bonne humeur garantie !

Par Lisa G.